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Une réforme à l’étude pourrait permettre à certaines mères de famille de bénéficier d’une augmentation significative de leur pension de retraite.
Les inégalités de pension entre hommes et femmes pourraient bientôt être revues à la loupe. Une réflexion est en cours pour ajuster un mécanisme qui, bien que conçu pour soutenir certains retraités , tend à creuser davantage l’écart entre les sexes. Une étude menée par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) pour le Conseil d’orientation des retraites (COR), publiée le 12 mars, met en lumière l’ impact de ce dispositif et ouvre la porte à une potentielle refonte.
Actuellement, une majoration de 10 % est accordée à certains assurés, sans distinction de sexe ni de niveau de pension. Pourtant, ce système pourrait être révisé pour mieux prendre en compte les disparités existantes. En ligne de mire : la règle attribuant ce bonus aux retraités ayant élevé au moins trois enfants , qui bénéficie souvent davantage aux hommes qu’aux femmes, et participe ainsi aux écarts persistants.
Une majoration de pension ciblée dans le viseur
En 2020, ce dispositif pesait 8,4 milliards d’euros , soit 2,9 % des pensions de droit direct. Mais derrière cette enveloppe, une réalité frappante : ce sont les hommes qui en tirent le plus grand bénéfice. « Les masses versées au titre de ce dispositif concernent davantage les hommes, qui sont surreprésentés parmi les retraités aisés », souligne la Drees. Une inégalité chiffrée, puisque la majoration représente en moyenne 77 euros par mois pour les femmes, contre 136 euros pour les hommes .
Pour rééquilibrer la donne, plusieurs pistes ont été explorées, notamment celle d’une majoration forfaitaire ciblée . L’un des scénarios envisagés prévoit un versement de 150 euros par mois aux parents de trois enfants ou plus, applicable aux retraites liquidées à partir de 2026. Une réforme qui favoriserait davantage les femmes, avec 60 % de gagnantes contre 40 % chez les hommes, mais dont l’impact sur les écarts de pension resterait limité. « La pension moyenne des femmes augmenterait de 0,3 % , tandis que celle des hommes diminuerait de la même proportion », précisent les auteurs.
Une réforme de la pension de retraite qui pourrait réduire les écarts
Parmi les options étudiées, une majoration forfaitaire, progressive selon le nombre d’enfants et exclusivement réservée aux femmes, se distingue, rapporte Capital . Son principe ? Accorder 40 euros pour un enfant, 80 euros pour deux et 160 euros pour trois enfants ou plus. Ce dispositif bénéficierait largement aux retraitées, puisque 81,6 % des femmes verraient leur pension augmenter d’au moins 1 %, avec un effet particulièrement marqué chez les plus modestes : 51,1 % des retraitées les moins aisées gagneraient 20 % ou plus. Toutefois, il ne ferait pas que des heureuses, car 16 % des mères de trois enfants ou plus verraient leur pension diminuer .
Malgré ces ajustements, ce scénario reste celui qui réduirait le plus les inégalités. « Ainsi, le ratio de pension moyenne entre femmes et hommes passerait de 84,9 % à 90,9 %, soit 6 points de pourcentage de réduction de l’écart », précisent les auteurs. Il contribuerait également à réduire les disparités entre les pensions les plus élevées et les plus faibles, en abaissant le rapport entre le dernier et le premier quintile de 8,0 à 7,1. Mais ce rééquilibrage aurait un coût, et la baisse de 3 % de la pension moyenne des hommes pourrait poser question quant à sa faisabilité dans un système de retraite sous pression .
Un coût qui pourrait freiner la réforme de la pension de retraite
Si sur le papier, la refonte de la majoration de pension pour les parents de trois enfants ou plus semble une avancée, elle bute sur un obstacle de taille : son impact financier . La dernière option étudiée, un forfait évolutif indexé sur l’évolution du salaire moyen par tête (SMPT), représenterait une charge trop lourde pour des régimes de retraite déjà fragilisés . Impossible, dans ce contexte, d’accentuer les déficits. Un frein majeur qui pourrait condamner cette réforme avant même qu’elle ne voie le jour.
Face à cette impasse budgétaire, la Drees rappelle l’existence d’autres dispositifs, plus spécifiquement orientés vers les femmes , comme les majorations de durée d’assurance et l’Assurance vieillesse des parents au foyer (AVPF). Autrement dit, plutôt que de revoir le système de majoration des pensions, l’État pourrait privilégier ces aides déjà en place . Une façon de temporiser un débat complexe, où l’égalité des retraites se heurte à la réalité des finances publiques.
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